"De mon temps, les héros étaient des exemples pour les jeunes!" déclarait ironiquement
le dessinateur belge André Franquin (1924-1997), à propos de Gaston Lagaffe, sa créature.
Né en 1957 sous le signe du bricolage, ascendant catastrophe, Gaston commet ses premières
bévues dans le magazine Spirou. Frère cadet du Marsupilami, Gaston se caractérise par une
ingéniosité qui n'a d'égale que sa capacité de nuire. Aux éditions Dupuis, où il est employé
de bureau, Gaston sème la zizanie avec ses inventions. Qu'il invente une porte à ouverture
automatique ou joue du "gaffophone", un monstrueux instrument de musique qui fissure les murs,
Lagaffe engendre des désastres en série qu'il constate en poussant un "M'enfin!" désormais
légendaire.
Demesmaeker, monsieur important, qui s'apprête toujours à signer des contrats
mirobolants avec les éditions Dupuis, est la victime par excellence des maladresses de Gaston.
Les "gaffes à gogo" de Lagaffe conduisent systématiquement Demesmaeker à déchirer les contrats,
quand Gaston ne les donne pas lui-même en pâture aux singes du zoo. Car Gaston est l'ami des
bêtes. Secondé par un chat taquin et une mouette grincheuse, Gaston déclenche des gags désopilants,
inspirés à Franquin par la vie quotidienne. D'une fermeture Éclair récalcitrante ou d'un chat
jouant avec une pelote de laine, Franquin faisait un engrenage burlesque qu'il prolongeait
jusqu'à la signature. Au bas des planches, en écho à la gaffe, le nom de Franquin explose, s'emmêle
ou perd son "a". Amateur de sieste et ennemi juré des parcmètres, l'anti-héros emblématique de
la Bof génération dort sur ses deux oreilles malgré la surveillance du policier Longtarin.
Les contraventions n'empêchent pas le "gaffeur sachant gaffer" d'être un homme heureux car il
est aimé de m'oiselle Jeanne, la secrétaire, qui le trouve parfaitement génial ! "Oh monsieur Gaston..."
Fabienne Gambrelle
© 2001 Marsu by Franquin
D'après la notice du carnet de timbres