C’est à l’occasion du centenaire de la naissance de Henriette Rosine Bernard, dite Sarah Bernhardt (Paris, 1844 - id. 1923), célèbre comédienne française, que Jean Guignebert, directeur de la Radiodiffusion nationale, sollicite l’émission d'un timbre, le 27 octobre 1944.
La radio française préparait, en effet, pour le 28 novembre un « gala Sarah Bernhardt ».
De son coté, le président de l’Association des artistes dramatiques, René Alexandre, demande que le timbre soit surtaxé au profit de la maison de retraite du Grand Coq, à Pont-aux-Dames, dirigée par la Fondation Constant Coquelin.
A cette occasion, plusieurs projets de dessinateurs tels que Paul-Pierre Lemagny et Raoul Serres sont examinés et finalement l’Administration des PTT retient le dessin de Pierre Gandon (1899-1990), réalisé d’après un tableau de Bastien Lepage (Musée Fabre, Montpellier).
Le timbre-poste, bien que gravé par Gandon, porte la signature de Charles Mazelin (1882-1964).
En effet, le dessinateur, à qui l’on reproche d’avoir gravé, en 1942, le triptyque Légion tricolore, est privé de commandes de l’Administration pendant trois mois.
Il fut donc impossible de faire paraitre ce timbre tel qu’il fut gravé.
Le dessinateur Mazelin accepte ainsi de mettre sa signature à la place de celle de Gandon.
© Musée de La Poste - Paris
Collection Musée de La Poste, Paris
(inv. 7660)
Sarah Bernhardt fut la plus célèbre comédienne française de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle.
Douée d’un talent exceptionnel de tragédienne et d’une voix remarquable, elle fut l’un des « monstres sacrés » du théâtre mondial.
Vedette de la Comédie-Française, Sarah Bernhardt forma sa propre compagnie théâtrale et partit en tournée en Angleterre et aux Etats-Unis.
Elle interpréta des rôles aussi bien tragiques (Phèdre, Athalie) que des personnages romantiques (Hernani, Lorenzaccio).
Sa gloire fut immense et le public l’idolâtrait.
Les artistes réputés tels que Alphonse Mucha ou Nadar l’ont portraiturée de nombreuses fois.
Il a fallu également une effigie à sa mémoire sous forme de timbre-poste.
Considérée souvent comme féministe, ce fut la première femme ayant véritablement joué sur scène des rôles d’hommes et c’est aussi la première femme qui fut immortalisée sur un timbre.
Ce projet refusé du dessinateur Raoul Serres diffère largement du timbre.
Il montre l’actrice de profil, tête légèrement relevée, ce qui procure au personnage un aspect fier et distant.
Elle est vêtue d’un costume noir, à col montant et semble interpréter un rôle : son visage est froid, son regard lointain.
Le timbre, figure l’actrice également de profil, mais cette fois, tête baissée et yeux fermés.
Son costume est blanc et aspire à une plus grande familiarité, bien que la femme semble encore une fois inaccessible de par son regard intériorisé.
Peintre, graveur et illustrateur, Raoul Serres fut pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Premier Grand Prix de gravure (1906), plusieurs fois lauréat de l’Institut, médaille d’honneur et hors concours au Salon des Artistes français ainsi qu’officier de la Légion d’honneur et du Mérite postal.
Il fut auteur de nombreux timbres dont le Général Leclerc (1948), Choiseul (1949) ou encore Libération (1954).